J’avais absolument pas prévu d’écrire aujourd’hui, et encore moins prévu d’écrire sur ce thème. Si tu veux tout savoir, le prochain article que j’avais prévu d’écrire c’était une revue sur une saga de BD que j’aime beaucoup, donc tu vas voir, rien à voir avec la choucroute.

En fait si j’ai eu envie d’écrire là, maintenant, tout de suite, c’est parce que depuis 2 ou 3 jours, Internet me fatigue grandement. En effet, avant-hier, une blogueuse que je suis un peu de loin, et avec laquelle je n’ai pas spécialement de point commun, a subi un réel harcèlement sur Twitter suite à deux screen de SMS qu’elle a posté après avoir reçu un SMS d’un technicien étant venu chez elle. Ce technicien utilisait donc des données personnelles et confidentielles pour contacter sa cliente pour lui dire qu’elle lui plaisait. Elle a donc fait suivre ceci à la direction de ce technicien. Lui-même avait d’ailleurs admis que son geste était inapproprié. Cette fille a eu à faire face à un déferlement de haine, à une avalanche d’insultes, des menaces de mort et de viol, j’en passe et des meilleures. Mais c’est pas de ça que j’ai envie de parler. En fait, c’est plutôt ça qui m’a «  » » » »inspirée » » » ». Je comprends pas qu’on soit pas capable de pas foutre la paix aux gens et juste d’accepter qu’ils puissent avoir des réactions et des sentiments différents des nôtres. J’ai notamment beaucoup lu qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur et que c’était disproportionné de réagir de cette manière. Mais en fait, grand bien t’en fasse si toi ça t’en toucherait une sans faire bouger l’autre. Mais tu t’es jamais dis que peut être que d’autres gens sur la planète pouvaient réagir de manière différente de la tienne ? Pouvaient ressentir des choses que toi tu ne ressens pas ? Ou pire… que tu refoules (mais chut ça faut pas le dire hein).

Alors bien sûr, je sais ce que tu vas dire, avec Internet, tout va très vite, les gens s’allient les uns aux autres quand ils s’ennuient pour faire chier des personnes « isolées ». Ils sont couverts par leur pseudo anonymat et s’amusent à faire chier les gens. Ce sont des trolls, et les nourrir c’est leur donner raison. Pas la peine de te fatiguer pour me dire ça, je suis déjà au courant. Je m’efforce d’ailleurs de ne pas leur répondre quand ils s’adressent à moi, même si parfois c’est difficile, parce qu’on peut avoir l’impression de se laisser marcher sur les pieds, ce qui n’est pas agréable.

Ce qui me subjugue, c’est qu’on ne soit pas capable de laisser vivre les gens de manière générale. Pas seulement sur Internet. Parce que /BREAKING NEWS/ dans la vraie vie ça se passe presque pareil. A peu de choses près du moins. La plupart du temps, et du moins autours de moi, et je touche du bois pour que ça ne s’aggrave pas, les choses sont généralement moins violentes. Ben oui, parce que ces gens n’ont aucun courage hein donc dès que tu leur enlève leur clavier ils ne disent plus rien. C’est donc pour cette raison que les reproches que vont nous faire les gens dans la vraie vie sont souvent moins violents que sur Internet. Attention, je dis pas que c’est une vérité générale. Encore une fois : POUR MA PART, mon entourage me dit rarement « Crève salope, je vais te violer » quand je dis que mon chauffeur Heetch a eu un comportement bizarre et que ça m’a fait flipper. Si t’as souris face à cette dernière phrase, saches que c’est pourtant ce qui se passe sur Internet hein.

Est-ce que c’est trop dur d’accepter que les gens aient des peurs différentes des nôtres ? Dans un autre registre, est-ce que vous êtes obligés de juger les personnes qui ne rentrent pas dans vos critères de beauté ? Qui ne rentrent pas dans vos critères intellectuels ?

Il suffit que tu parles d’épilation avec une fille pour qui c’est impensable de ne pas s’épiler, et que tu lui expliques que selon toi, l’épilation doit être un geste qui vient volontairement et non pas suite à une sorte de contrainte implicite ou explicite due à la relation sexuelle, pour que celle-ci te regarde avec des yeux exorbités et te réponde : « Ah nan les poils c’est vraiment dégueulasse« . Non mais est-ce que vous êtes toujours obligés d’agrémenter toutes vos phrases par un jugement de valeur ? Tu veux t’épiler, très bien, fais le, tu es libre. En revanche, pourquoi tu es obligé de qualifier les personnes qui ont choisi de ne pas le faire de « dégueulasse ». Tiens d’ailleurs tu vois, la ça me démange de préciser que : attention hein, moi je m’épile ; alors que : qu’est-ce que ça peut te foutre ? Et surtout qu’est-ce que ça peut me foutre que tu saches que je m’épile ou pas ? Oui je m’épile. T’es content de le savoir hein ? Ou alors ça va te permettre de me dire : « Lol tu t’épiles et tu dis que t’es féministe, c’est vraiment pas très logique hein… krkrkrkr ».

Je vais te parler un peu de moi. Bien-sûr, ça peut m’arriver de faire des gaffes, de dire des trucs qui peuvent vexer, de parler trop vite et compagnie. Cependant, j’essaye de faire un maximum attention quand je m’adresse aux gens. Bien-sûr, j’adore rigoler, j’adore faire des blagues, j’en fais d’ailleurs parfois trop et j’ai du mal à garder mon sérieux avec certaines personnes tellement c’est marrant de se marrer. Pourtant, quand je m’adresse à quelqu’un que je ne connais pas bien, je vais essayer de ne pas dire des choses qui pourrait la mettre mal à l’aise, de ne pas lui poser de questions auxquelles elle n’aurait pas envie de répondre. Et figure toi d’ailleurs que ça n’est absolument pas un frein dans les premières conversations que je vais avoir avec quelqu’un. Notamment, si tu veux un exemple, quand je parle avec quelqu’un qui ne m’a jamais parlé de ses parents, je ne vais pas en parler, je ne vais pas poser de questions sur eux, demander ce qu’ils font dans la vie etc. Pourquoi ? Parce qu’autours de moi, beaucoup de gens ont perdu un parent, jeune, ou moins jeune. Ils en ont énormément souffert, et en souffre encore aujourd’hui. J’ai assisté à de nombreuses conversations qu’ils avaient eu avec des gens qui n’étaient pas au courant et qui leur posaient des questions sur ce parent. Eux, les larmes aux yeux, répondaient vaguement un truc inaudible. Depuis que j’ai compris ça, je ne pose plus de question avant que la personne n’est invoqué ses parents. C’est pareil pour les frères et soeurs. Tu vas dire que je prends trop de pincettes, que je fais trop attention. Bah écoute, très bien si tu penses ça. En attendant, je ne compte pas arrêter. Parce que récemment, ça a encore été très utile, et ça m’a permis encore une fois d’éviter de mettre la personne mal à l’aise et/ou de lui rappeler des mauvais souvenirs, ou encore de la rendre malheureuse. Un de mes amis concerné par la chose m’a d’ailleurs dit que c’était une prévenance très appréciable dont beaucoup de personne ne prenait pas la peine de s’encombrer. Et ça m’a fait chaud au coeur.

Et en fait, cette histoire de ne pas poser de questions sur les parents, c’est juste UN truc, mais ça marche pour tout. Et ça marche également sur les jugements de valeurs. Quand vous ne partagez pas la sensation ou le sentiment de l’autre, pourquoi vous trouver toujours utile de lui dire « Ah non mais ça c’est nul« , « ah non mais ça c’est dégueulasse« , « ah non mais ça c’est débile« , « ah mais putain je comprends vraiment pas comment tu fais, moi je pourrais pas hein, c’est vraiment horrible ta vie« . Comment tu veux que la personne en face de toi réagisse ? « Ouais t’as raison ma vie est horrible, d’ailleurs je ne sais pas encore ce que je fais sur cette Terre, je ne fais pas l’amour 5 fois par semaine, quelle vie de merde… ». Franchement ? 

Pourquoi est-ce que quand une personne vous fait part de quelques chose qu’elle fait, vit, ressens, éprouve, pense… vous n’avez pas plutôt envie de l’écouter et de partager avec elle à ce propos ? Alors attention, je ne dis pas que c’est facile. Notamment, quand on se retrouve face à quelque chose qui nous fait vraiment sortir de notre zone de confort, et qui va vraiment dans le sens contraire de nos moeurs, c’est parfois difficile de prendre de la distance et de ne pas juger la personne. Mais pourquoi vous n’essayez même pas ? Et au pire, si vraiment vous trouvez la personne trop chelou, ben cassez vous et ne lui parlez plus.

Ce qui est drôle, c’est que les gens trouvent vraiment le moyens de juger tout et n’importe quoi. Figure-toi que j’ai même déjà été jugée parce que je lisais des BD, ou parce que j’aimais bien jouer à Hearthstone. Ben oui, « c’est pas un truc de fille, pourquoi tu fais ça? ». Putain mais qu’est-ce que vous êtes cons.

De la même manière, vous saviez que vous pouviez être jugé par les autres pour la manière dont vous ressentez du chagrin ? Par exemple suite à un décès. Et oui, certaines personnes n’ont pas encore compris que chacun vivait sa peine comme il l’entendait, et que en plus, incroyable, mais que ce n’était pas quelque chose qu’on comprenait. Certaines personnes n’ont pas non plus compris que larmes et chagrin ne font pas forcément ensemble. Et ces personnes se permettent de te juger sur la manière que tu as de ressentir ta peine, et de te reprocher la manière dont tu l’exprime et l’extériorise ou ne l’extériorise pas.

On est un nombre immenses de personnes sur cette planète à avoir vécu des choses difficiles, qu’on a peut être même pas encore digérer aujourd’hui. On est aussi beaucoup à avoir peu de confiance en nous, à chercher l’admiration dans le regards des autres. Pourquoi est-ce que ce ne serait pas possible de tout simplement essayer de s’apporter des choses ? Faire plus de compliments ? Fais le test : compte le nombre de compliments que tu fais en une journée, et le nombre de critiques que tu fais (même si ce ne sont pas des critiques adressées directement à la personne hein). Il commence à devenir urgent de comprendre que les idéaux et les pratiques des autres ne sont pas contagieuses. Vous pouvez vous en approcher, en discuter et même parfois les essayer, sans pour autant en être INFECTÉS.

Ah putain, ça fait du bien de vider son sac.

Disclaimer : Non je ne mets pas tout le monde dans le même sac, et je suis d’ailleurs personnellement entourée également de personnes qui peuvent être très bienveillantes. J’ai utilisé la deuxième personne du singulier comme la deuxième personne du pluriel pour m’adresser directement aux personnes que je vise. Si toi-même tu es bienveillant et que tu ne juges, et du moins essayes de ne pas juger les autres, alors ne te sens pas viser.

A bon entendeur, 

Gingerbread.

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