Bon, à la base, j’avoue que j’ai un petit attachement pour Macron, même si politiquement on est pas on point, parce qu’il vient de mon lycée. Et oui, le bougre est picard ! Il est né à Amiens et y a passé une grande partie de sa jeunesse. Dieu c’est comme mon coeur est attaché à la Picardie :’).

Mais… Macron est finalement le candidat champion des retourneurs de vestes. En effet, non seulement il excelle lui-même dans cette catégorie, mais également ses soutiens en sont tous de fervents adeptes. Se déclarer « non socialiste » après avoir soutenu Jean-Pierre Chevènement (lui-même fervent soutien de Mitterand) et François Hollande lui-même, il décide de faire cavalier seul, parce que « les partis ça sert à rien » (si tu veux) et de rallier tous les délaissés de la République : de François Bayrou, qui va là où le vent le porte et ne pense pas grand chose par lui-même, à Cohn-Bendit l’éternel frustré, qui, soit-disant de gauche, soutenait avec ardeur le régime du Président Erdogan jusqu’à il y’a peu de temps… AH OUI ! Et puis, depuis ce matin, MONSIEUR MANUEL VALLS. LE. CHAMPION. DES. RETOURNEURS DE VESTES. Manuel Valls, le pathétique. Franchement, je suis épatée. On avait jamais vu aussi peu de loyauté dans un monde pourtant intrinsèquement nécessiteux de fidélité. Comment faire pour les électeurs pour s’y retrouver ? Un coup on te dit de voter à gauche, de voter socialiste, parce que c’est le parti du peuple, et que le peuple… c’est la Nation. Et puis un coup, on te dit de voter Macron, mais on sait pas trop pourquoi.  Bref, je pense que vous avez compris où je veux en venir : Macron n’est pas le candidat autonome du centre mais plutôt le candidat des opportunistes. Je vous rappelle quand même que la France n’est pas majoritairement composée de citoyens avertis en politique, lisant le Monde et les Echos chaque matin, et réussissant à lire entre les lignes de Hommes qui nous racontent des conneries à la radio tous les jours. Je ne me vanterai en aucun cas de ne pas faire partie de cette masse. Cependant, je m’interroge. Comment vont faire ceux qui faisaient confiance à la gauche ? Même Ségolène Royal, pourtant candidate elle-même pour le parti socialiste en 2007, semble se tourner de plus en plus vers le benjamin de la compétition. Mais attendez, ces soutiens ne seraient-ils finalement qu’avides de pouvoir et convoiteux d’une place au Gouvernement ou dans une belle administration ? Non ??? Sans blague ??? Mais alors, est-ce que ces soutiens valent vraiment quelque chose ? Est-ce qu’on doit les croire ? Est-ce que les électeurs qui croient à leurs belles paroles peuvent avoir confiance en eux ? Mme Royal ne pense en ce moment plus que PNUD, Bayrou est toujours indéfiniment à la recherche d’une place dans un gouvernement (n’importe lequel, il s’en fout) et Manuel Valls a l’eau à la bouche dès qu’il entend parler de souveraineté, de pouvoir et tutti quanti. Comment faire pour faire confiance à un homme entouré UNIQUEMENT de soutiens perfides ? A-t-il seulement des soutiens de conviction ? Est-il seulement possible de voter Macron par conviction ? C’est une question sincère.

Alors oui, je sais ce qu’on va me répondre à ça. Ils sont tous perfides ? Oui. Mais là, quand même, franchement, on atteint des sommets quand même non ? Des sommets d’artifices et de félonies. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. On ne sait d’ailleurs pas trop comment il va faire, M. Macron, pour dédommager tous ces personnes qui lui accordent leur soutien.

Ah oui et puis aussi, parlons du fait que M. Macron se présente comme le renouveau de la politique. Pardon, mais permettez moi-moi de rire doucement dans ma barbe. Le mec te fait un copié/collé des programmes de droite et de gauche sur les 10 dernières années, il passe tout au blender et TADDAAAAA. J’appelle pas ça du renouveau politique. Plus précisément, il est tellement obsédé par son fameux travail, qu’il est à deux doigts de nous dire que si des gens se suicident sur leur lieu de travail, c’est parce qu’ils veulent mourir entourés des gens qu’ils aiment. Incapable de garder ses ardeurs pour chez lui, il semble être possédé par le diable dès qu’il a un peu trop d’adrénaline dans le sang. Et il en rit en plus (ce matin, sur Europe 1, dans la matinale). Mais c’est pas drôle. C’est pas drôle pour un Président d’être incapable de se garder son sang froid face à la foule. Je suis profondément pour avoir un Président « normal » (bien que Hollande ne nous ai pas donné envie de continuer dans cette voie), mais je pense que sous la Vème République dans laquelle nous somme, République dans laquelle le Président tient une place de leader, il est important que celui-ci maintienne une certaine stature et soit à la mesure de ses responsabilités. Ou alors, il faut changer de Constitution, ce qui est envisageable, cela dit, mais là n’est pas le débat.

Autant d’ingratitude pour un futur Président de la République, je suis désolée, mais c’est inquiétant. Notre ami ne se dit pas « redevable » mais « reconnaissant » à François Hollande. Etait-il vraiment nécessaire de minimiser le terme de la sorte ? Qu’on aime ou pas François Hollande, sans lui, Macron ne serait rien aujourd’hui et surtout pas là où il en est. Je trouve ça incroyable qu’un Homme ne soit pas capable de reconnaître que, malgré les désaccords qu’il peut avoir avec François Hollande et autres, ces personnes l’ont poussé là ou il est. La majorité des français n’avait jamais entendu parler de lui avant qu’il soit nommé ministre.

Alors que François Fillon est raillé dans la presse et semble avoir perdu sa place de leader des élections, Macron se frotte les mains. Ben oui, il va récupérer les votes de tous les « pas trop fachos » qui comptaient voter à droite. « C’est le candidat de la substitution » a-t-on dit. Mais oui. On parle quand même du candidat qui veut exonérer d’impôt sur la fortune le patrimoine financier, tout en continuant à taxer le patrimoine immobilier, mais qui de l’autre côté dit que « la lutte contre la pauvreté ne consiste pas seulement à permettre aux personnes fragiles de subsister » et que « nos politiques d’insertion sociale ne parviennent pas à atteindre toutes les personnes vulnérables ». Pitié, sois cohérent.

Le mec qui, jusqu’à il y’a peu, se pâmait devant son auditoire qu’un programme ça ne sert à rien non plus (mais du coup qu’est-ce qui sert à quelque chose ?) et a attendu que chacun ait sorti le sien pour finalement nous pondre son petit bébé. On se retrouve dans une politique fouillie, avec des propositions de droite et de gauche, sans pour autant avoir su faire le bon mix. C’est facile de ne pas se mouiller. Et si on veux faire abstraction des partis, c’est facile aussi de faire dans le souverainisme et le modernisme, mais ces deux facettes sont difficilement accordables quand on ne sait même pas vers où on va. Amadouer l’UE c’est bien, mais proposer de vraies choses, c’est mieux. Le candidat « qui marche » se targue d’être capable de négocier avec force avec la Commission « comme il l’a déjà fait en tant que Ministre de l’Industrie ». Pardon, mais, dis-nous au moins ce que tu compte négocier parce que c’est pas bien clair… On parle quand même du candidat qui ne connaît même pas les contours de son propre territoire, celui qu’il se dit prêt à diriger. C’est un scandale pour un candidat à la présidence de la République. On s’est beaucoup moqué de NKM qui ne connaissait pas le prix du ticket de métro, mais excusez-moi, on parle aujourd’hui d’un candidat qui insulte 244 118 personnes de la population qu’il s’engage à défendre, protéger et respecter (chiffres de 2013). Ca donne envie…

Gingerbread. 

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